Drew Kent, major

Mon histoire doit-elle être racontée ? A-t-elle quelque chose, si infime puisse-t-il être, d'intéressant ? Moi qui pensait que seuls les hommes d'histoire tels que Napoléon ou la reine Victoria avaient leur place dans l'histoire... Et pourtant, la mienne n'est sûrement pas ordinaire à cause de ma longévité qui me promet l'éternité. Alors soit, voici ma faible histoire :



Du commun des mortels...


Je suis né à Edimbourg lors d'une nuit de janvier, alors que la neige recouvrait le sol écossais. J'ai eu la chance de naître dans une famille de comptables qui ont réussit à survivre face à l'importante crise de chômage des années 70 alors que le monde dansait sur la musique disco. J'ai grandit dans une famille aimante composée de deux garçons, mon frère Nolan, mon aîné de cinq ans et de mes deux petites soeurs jumelles, Haley et Brooke, plus jeune de trois ans. Mon enfance s'est passé de tout ce qu'il y a de plus normale; les quelques souvenirs que je possède sont ceux où je joue dans le petit jardin que nous avions derrière la maison, avec mon frère. Nous possédions de petits jouets en bois, ainsi que des épées avec lesquelles nous aimions nous battre. Je revois encore ma mère nous disputer parce que nous risquions de nous blesser. Cela n'est jamais arrivé mais je comprends aujourd'hui son inquiétude. Avec le recul, je me demande comment mon frère, alors âgé de treize ans savait se battre à l'épée, car c'est toujours lui qui remportait nos jeux. Lorsqu'il me défiait, il y avait une étrange lueur dans les yeux, presque malsaine alors que je sais parfaitement que jamais il ne m'aurait fait de mal. Nous étions tout les deux, lié par un sentiment puissant que je n'arrive toujours pas à expliquer. Un de mes regrets est de n'avoir pas passé beaucoup de temps avec mes jeunes soeurs. Elles étaient sans cesse ensemble, préférant nous laisser à nos jeux de garçons et optaient pour leurs poupées. Il m'arrive aujourd'hui de penser à elles et à me demander ce qu'elles ont bien pu devenir. J'espère sincèrement qu'elles se sont mariées et ont vieillis sagement dans un quartier paisible de Londres.

Mon adolescence n'a rien eu d'anormale. Je passais mon temps avec ma bande de copains que j'avais depuis mon enfance. Mon frère ne venait jamais avec nous, lui ayant ses amis tous aussi plus âgés. Mon père avait toujours du travail dans l'entreprise familiale et je n'ai manqué de rien.
Je combattais toujours à l'épée en bois avec mon frère qui ne cessait de me provoquer. J'ai longtemps été amené à penser qu'il ne m'aimait pas, ne me considérait pas comme son frère. En fait je comprends aujourd'hui qui c'était tout le contraire, mais il l'exprimait différemment. Il me préparait à ce qu'il craignait, et qui s'est malheureusement passé.

Nolan a disparut lorsqu'il fêta ses vingt-deux ans. Mes parents ont pensé que c'était une disparition ou un départ précipité car nous n'avions plus de nouvelles. Je ne le revis plus et mon coeur fut plongé dans une grande tristesse. Bien que nous ne soyons jumeaux, je ressentais que le lien si fort qu'on partageait venait d'être rompu et que je ne pourrai y remédier. Je ne peux dire si je l'ai pleuré; mais une chose est sûr, il m'a énormément manqué. Mes parents furent bien entendu très attristé de cette mystérieuse disparition, tout comme Haley et Brooke. Moi je suis toujours resté perplexe face à cet événement et j'ai finis par ranger les épées en bois dans le grenier.

Ce fut à mes vingt-cinq ans que je repris l'entreprise familiale de comptables, une fois mes études terminées. Au début, je travaillais avec mon père, mais celui-ci est rapidement tombé malade, ne se remettant pas de la disparition de Nolan. Tout en le soutenant, j'ai travaillé dur chaque jour pour ne pas que ma famille tombe dans le besoin. Étais-je trop dévoué ou était-ce un pur acte d'amour ? Je ne sais pas et à vrai dire, mon esprit se perd entre les deux solutions. Cependant à l'époque, il était clair pour moi même que je n'avais pas le choix. J'avais tout de même réussi à rencontrer une charmante jeune femme qui répondait au nom d'Eléna. On se voyait de temps en temps, elle n'habitait pas loin de chez moi. Nous sommes fréquenté pendant cinq longues années alors qu'elle attendait une demande en mariage. Elle fut patiente et je ne sais comment elle a réussit à l'être. Elle était très belle et encore aujourd'hui sa compagnie me manque par moment. Je pourrais dire que j'étais bel et bien amoureux, mais mon esprit torturé ne lui faisait que du mal, inconsciemment. Elle aurait pu me quitter de milliers de fois, mais trop amoureuse, elle est resté à mes côtés. Mais là encore une fois, je n'avais rien vu venir, ce qui me laisse croire que je devais être un homme d'une incroyable naïveté.

Lorsque je vous raconte cela, un soir me vient à l'esprit, une rencontre qui aurait pu être déterminante où j'aurai compris ce qu'il se passait, mais une fois encore, j'étais décidément trop aveugle. Un soir de 1999, une soirée branchée à Londres. De nature timide, je reste dans les bras d'Eléna qui elle, semble particulièrement bien s'amuser. La fête bat son plein lorsqu'il me vient l'envie de prendre l'air pour fumer une cigarette. C'est à ce moment que je l'ai croisé, son regard envoûtant soutenu pas son parfum enivrant. Il n'a pas été question d'un coup de foudre mais plutôt d'une forte attirance sans sentiment. Elle fut une simple vision dans cette nuit obscure et pourtant elle ne m'accorda qu'un faible regard. Je fus bien conscient qu'elle ne m'avait à peine remarqué et malgré cela, cette jeune femme brune hanta mes nuits.

Un an plus tard, l'état de santé de mon père s'aggravait et il me conseilla de reprendre totalement l'entreprise familiale. les papiers étaient prêts. J'aurai pu avoir une belle vie et épouser Eléna, mais il en fut autrement. Un soir de janvier, proche de mes trente ans, je revenais de chez un client. J'avais fais le choix de rentrer à pieds dans mon nouvel appartement que je partageais depuis peu avec ma fiancée. Je voulais fumer une cigarette. Quand on dit que le tabac est mortel, je ne pensais pas à ce point.


... Au monde des morts.


La neige tombait fortement dans les rues d'Edimbourg et alors que mes pieds s'enfonçaient silencieusement dans ce tapis blanc, j'eu la bonne idée de prendre un raccourci. On dit que notre destin est tracé, je cherche encore à comprendre comment ais-je pu choisir celui ci. Perdu dans mes habituelles sombres pensées, un homme s'approcha de moi, le visage caché dans l'obscurité d'un chapeau à l'anglaise. Il me demanda du feu avec une voix rauque et froide. Je ne me suis pas méfié et en baissant ma tête pour prendre mon briquet dans ma poche, je senti une atroce douleur dans le cou. Cet inconnu m'agressait, ou plutôt me mordait. J'avais beau me débattre mais rien n'y fit, ce fou ne lâchait pas prise en enfonçait davantage ses dents dans ma chair. Je pouvais sentir le sang chaud qui coulait sous mes vêtements. Combien de temps cela dura-t-il ? Je n'en ai pas la moindre idée car mon esprit m'abandonna rapidement et je m'écroulais dans la neige qui se teintait en rouge. La douleur ne cessa pas alors que des bruits de pas signifiaient qu'ils s'éloignait de moi. Puis je sombrais totalement dans l'inconscience.

Lorsque je me réveillais, j'étais toujours dans cette ruelle mais le faible soleil d'hiver venait de se lever. Je n'étais pas mort mais je ne comprenais pas non plus pourquoi: ce type m'avait vidé de mon sang. J'ai erré dans les rues d'Edimbourg cachant au mieux cette plaie dans mon coup. J'étais faible, bien trop faible pour rentrer chez moi, tout en ayant une soif sans fin que je n'arrivais pas à assouvir avec de l'eau. Le sang m'appelait comme de l'or peut appeler un pirate. Oubliant le plus possible ma sensibilité, je mordis un innocent et contrairement à ce que j'avais pensé, je ne ressentis aucuns remords. Le monde est bien étrange. Comprenant au fil des jours ma nouvelle nature, je ne pu rentrer chez moi. Le visage d'Eléna ma manquait chaque jours mais je ne pouvais risquer un meurtre que je regretterai tout au long de mon éternité. Quant à ma famille, j'appris quelques jours plus tard que mon père décéda dans les bras de ma mère attristée. Mes soeurs restèrent à la maison pour s'occuper d'elle. Ce fut la dernière fois qui je les vis, de loin, caché au fond de mon ancien jardin.

J'avais décidé de prendre ma nouvelle vie en main, bien que je fus complètement dérouté par ce qu'il venait de m'arriver. Je pense que j'avais du mal à me faire à l'idée que je ne vivrai pas la vie que je m'étais préparée. Au lieu de cela, j'étais condamné à vivre la nuit et à tuer pour survivre. Ces sombres pensées me révoltaient mais je ne pouvais rien faire. Je décidais de quitter Edimbourg pour le bien de ceux que j'aimais et me dirigea vers Londres, dans l'espoir de trouver quelqu'un comme moi qui pourrait m'aider. C'est ce qu'il arriva mais contrairement à ce que je pouvais penser, ceux qui m'ont aidé étaient pas exactement comme moi dans le sens qu'il tuaient ceux de mon espèce. Jared Tray me trouva dans la nuit dans un sale état. Je n'avais pas mangé depuis des jours et je divaguais sur la fin du monde. A-t-il vu le potentiel que je représentais ? Peut-être car en 2002, je faisais parti de l'Ordre et assistais à un entraînement militaire extrême. Ils n'eurent pas besoin de m'inculquer la haine des vampires, car c'était l'un d'eux qui m'avait retiré la vie, traçant un trait net sur ce que je prévoyais. Je n'eus donc pas besoin de test scientifiques et tout ce qui allait avec. Au fil des ans, les promotions me sont tombées dessus alors que je ne m'y attendait pas et je fus nommé major en septembre 2025.

Lors d'une mission en 2038, je tombais nez à nez avec ma vision, celle que j'avais eu trente-neuf ans plus tôt. Cette vampire séduisante refit surface dans ma vie alors que je l'avais à peine oublié. J'eus l'idée de la prendre en chasse, tels les ordres. Notre combat durant moins d'une heure et je dois admettre que je l'avais bien blessé; cette femme n'était pas habituée à se battre et rapidement, elle sombra dans l'inconscience à mes pieds. J'aurai pu et du la tuer, mais sa beauté me fascina tellement que je l'emmenais avec moi. Jared fut surpris mais m'accorda le droit de la former, mettant mon honneur en joue qu'elle serait un très bon soldat. En quelques années, Faith devint cet excellent soldat. L'amour qui naissait dans mon cœur pour elle ne ressemblait à rien de ce que j'avais pu ressentir. Un lien fraternel très fort nous unissait et encore aujourd'hui je ne cesse de m'émerveiller de sa beauté. Faith est devenu la sœur que je n'ai jamais eu, mon âme sœur de cœur. Je peux passer des journées à la regarder jouer du piano, à l'admirer simplement et à me dire que je ne peux vivre sans elle. Certains peuvent penser que cet amour est autre que fraternel et je laisse parler les mauvaises langues, ne préférant pas m'arrêter là-dessus. Toutes ces heures passées avec Faith me semblent un cadeau de ma nouvelle vie. Je ne peux le nier, je l'aime éperdument, mais comme un frère.

Mon coeur appartient à une autre femme: le général Jailyn Swenson. Mon supérieur, je le sais bien mais cette femme me fascine. Son élégance me perturbe totalement, le tout soutenu par sa volonté hors norme. Cependant, il me semble que mes sentiments ne vont que dans un seul sens, car Jailyn, ne répond pas à mes nombreuses avances. J'ai décidé de me calmer un peu et de faire faire preuve d'un peu de discrétion et de patience...

Mon histoire la voici, celle que vous vouliez. Elle est simple, dramatique, heureuse, étrange... Les choses avancent, bougent et il est certain qu'au fil des jours, des mois et des années, je pourrai en dire davantage et bien plus encore. La vie, celle qui m'a été offerte n'est pas de tout repos et les jours qui viennent s'annoncent aussi sombres que la nuit. Ma volonté est de me venger de celui qui m'a retiré tout ce dont je rêvais, bien qu'à des moments, je ne semble plus aussi triste qu'auparavant. L'Ordre est ma nouvelle chance et je compte bien m'en emparer...